Salutations !
Voici pour les plus temeraires d'entre vous une petite nouvelle steampunk toujours dans le cadre du forum "steampunk.fr"
Le theme ? la steamvalentin !
Esperons que vous apprecierez,
Absynthe
Empire Europérusse, 16 juillet 1891
J’aimerai vous dire que cette fois ci elle ma regardé, qu’elle ne m’a pas simplement vu. J’aimerai vous dire que ses yeux se sont légèrement agrandis tandis que je luttai pour ne pas m’y noyer, qu’un fin sourire, à peine voilé d’une hésitation s’est dessiné sur son doux visage, que son regard est devenu si limpide et clair que j’ai pu aisément y voir le reflet des mes espérances…J’aimerai tant vous narrer nos premiers rendez-vous, avec cette fièvre si naturelle, cette retenue douce –amer des premières fois…je voudrai vous raconter avec malice et demi-mots notre bonheur épanoui…oui, j’aimerai énormément le faire.
Mais elle m’a simplement vu, et, sans l’ombre d’un sourire, sans la moindre moue sur le vermeil de ses lèvres, avec une indifférence qui me poignarda sur place, m’a tendu manteau, chapeau et boa, ainsi que la clef de son aeromobile.
Alors j’ai fait mon travail, consciencieusement, mécaniquement, j’ai traversé la passerelle menant aux vestiaires de la clientèle, retrouvant avec un léger réconfort le cocon familier de cet espace restreint, la chaleur des dorures et le soyeux des murs matelassés. Son chapeau mis à l’abri, sa veste déposée sur son cintre, je restai un moment à fixer son boa dans mes mains, essayant d’imaginer la douceur de sa peau sous mes doigts, le frémissement de sa chair…
Cela fait maintenant 5 ans qu’elle fréquente l’établissement. 5 années qu’elle honore l’aerocabaret « Airship-Luxe & Distraction» de sa discrète présence. 5 années de tourments pour mon humble condition.
Conformément à ses habitudes, j’ai traversé la passerelle métallique surplombant le vide, à peine conscient du soleil couchant peignant le quai dans un camaïeux de rose et d’orange, comme un marin désinvolte, j’ai pris place dans son véhicule, enjambant les nuages comme autant d’eaux troubles, mis le contact, relevé les giro-stabilisateurs, et comme d’habitude son « frelon mécanique 1854 » rugit et je m’éloignai du bord… je descendai sous l’aerocabaret, hors de vu, et une fois encore, je me dégrisai de sa présence, de son image en me laissant choir dans le vide, fendant les nuages vers le sol, moteurs coupés…pour remonter bien sagement vers les quais de garage, hors de la vue de la clientèle.
Quand les grilles de l’ascenseur qui me remonte à l’accueil du cabaret se ferment, je me demande quel effet cela ferait si un soir je décidai de ne pas redémarrer son aeromobile…si ne plus supporter la douce torture de sa présence mettrait fin à mon tourment…serait t’elle peinée pour moi, ou pour son « frelon » ? je me demande…et je pense…et j’Aime.
Je l’aime, elle.
Mon nom est Capulet 18-1082. Je suis un Automaton à vapeur de modèle « service et prévention ».
Si vous lisez ces lignes, je me permets de deviner la stupeur ou l’incrédulité quant à mon identité. J’aimerais qu’il s’agisse d’une fumisterie, une farce, aussi dénuée d’intérêt que nous autres, serviteurs de métal, invisibles aux yeux des humains car trop présent dans leur quotidien…
Et je suis sensé être dénué de ce que vous appelez « sentiments »
…Sensé.